Relation et jalousie, la naissance des corbeaux (Part 1)

« Rien ne forge autant l’intimité que de partager sa fragilité » (La salope éthique)

Corbeau, le retour

Cet été j’ai été contactée par Chloé, une collègue, à qui il était arrivé une histoire similaire à la mienne : un corbeau était venu planer au-dessus d’une de ses relations, assombrissant un peu son été (presque à la même date en plus, c’est fou le nombre de coïncidences qu’on a trouvé entre nos deux histoires…).

Elle m’avait contactée dans le but d’échanger un peu, de parler de ses émotions et de ses ressentis avec une personne qui avait vécu ce qu’elle était en train de vivre et de trouver des ressources associatives pour y faire face. La concernant, ce n’est pas sa famille qui avait reçu une lettre mais la femme de son généreux amant, celui qui l’entretenait depuis des années. Le corbeau savait qu’attaquer cette relation était un coup double : briser le cœur de mon amie très attachée à cet amant (et la réciproque est tout aussi vrai, il est fou d’elle) et lui enlever sa principale source de revenus. Il faut savoir qu’en plus, Chloé est dans une situation compliquée et la priver de ces revenus signifiait aussi possiblement la mettre dans une grande précarité.

Bref, ici encore, le corbeau avait décidé de tenter le tout pour le tout et de balancer une grosse bombe atomique dans sa vie. Heureusement, comme pour moi, cette bombe n’a pas fait les dégâts escomptés. Et si je devais me montrer poétique, je dirais même qu’elle s’est transformée, en vol, en bombe à fleurs.

Il ne s’est rien passé, la femme s’en doutait fortement mais n’y accordait pas trop d’importance tant qu’il restait un mari attentionné. Après une grande discussion de couple, il est retourné voir mon amie pour passer quelques jours avec elle.

Je sais que beaucoup ici vont penser très fort que ce n’est pas très gentil de sa part par rapport à sa femme mais tout le monde ne fonctionne pas pareil et dans ce cas, c’est avec l’accord de cette dernière qu’il est retourné voir Chloé. Tout est bien qui finit bien donc ! Mieux encore, le secret étant révélé, l’épée de Damoclès ne tournoyant plus dangereusement au-dessus de leurs têtes, ils pouvaient maintenant vivre leur relation avec un peu plus de décontraction (tout comme je peux maintenant vivre mes moments en famille avec beaucoup plus de légèreté sans ce lourd secret à porter) ! Au beau milieu de cet été caniculaire, alors que la sécheresse meurtrissait la nature, un champ de fleurs est venu paver la route de leur amour (et vu la conjoncture actuelle, on ne va pas cracher sur un « Happy End »)

Pourquoi le corbeau a-t-il fait cela ? Surement de la jalousie, vu qu’il ne pouvait pas avoir Chloé dans les conditions qu’il voulait, il a voulu détruire « son rival » et elle au passage. L’attaquant aussi dans ses finances on peut se demander s’il n’a pas voulu la rendre précaire pour qu’il puisse avoir le dessus financièrement sur elle et qu’elle se retrouve à accepter ses conditions à lui. Bref, une belle personne !

Par contre, ce que le corbeau n’avait peut-être pas anticipé c’est qu’il serait facile de remonter jusqu’à lui, ce qui a donné de très grandes envies à l’amant de traverser la France pour aller en personne demander des comptes. La situation s’étant bien finie, Chloé a décidé qu’il était préférable de ne pas lui donner plus d’importance que cela et son amant a été d’accord pour ne pas bouger tant que l’autre ne se faisait plus entendre.

(Au passage, vraiment, si vous avez l’idée débile d’aller attaquer une personne, faites gaffe aussi à qui vous vous attaquez… Dans notre cas, quand on a l’habitude de relationner avec des hommes riches et/ou puissants, il peut être un poil risqué de venir nous/les faire c*****, vous ne savez pas quelles relations ils ont et à quel point leur force de frappe retour peut être dévastatrice. Et soyons honnêtes : beaucoup d’hommes ne savent pas gérer leurs émotions correctement et on le voit bien actuellement : dès que ça part en concours d’ego, on peut finir avec une guerre en même pas 15 jours. Donc tranquille les gars, on respire et on va faire des câlins aux arbres avant de vouloir sortir ses couilles, ça escalade trop vite avec certains d’entre vous).

Cette histoire m’a donné très envie d’écrire sur les émotions dans les relations mais je ne savais pas du tout par où passer et puis, un matin, en promenant ma chienne j’ai enfin eu l’illumination tant attendue ! (Au fait, oui ma chienne va super bien. Elle a fait des progrès incroyables, on a pu aller en terrasse avec elle et elle accepte même parfois de renifler le cul des autres chiens sans leur sauter à la gorge, ce qui était impensable il y a quelques mois. Je crois que dans pas longtemps je vais pouvoir aller refaire des balades avec mon prétendant-de-promenades-canines, joie !)

J’ai fait de la tisane de romarin (c’est bon pour l’irrigation du cerveau), j’ai mis ma playlist « Écriture » et c’était parti pour quelques jours à potasser sur le sujet et à taper frénétiquement sur mon clavier (c’est la canicule en même temps, que faire d’autre ?) !

M. l’Epicier et moi

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler de moi (j’aime bien partir de mes histoires pour développer des sujets, j’ai un peu l’impression d’être Carrie Bradshaw mais version p*** (et sans l’appartement hors de prix et les Manolo Blahnik, ce qui est bien dommage, si vous voulez y remédier n’hésitez pas à demander mon RIB)).

Je ne me considère comme un exemple à suivre, bien au contraire ! Je veux vous montrer que comme tout le monde, il m’arrive de patauger dans mes relations à cause de mes émotions…au point de désespérer parfois même un peu ma psy.

Vu que je vous ai cassé les pieds avec ça, tout le monde est plus au moins au courant que je vis une jolie histoire avec M. L’Épicier et comme je le disais à Charline il y a quelques semaines « Je pense que l’Univers me l’a envoyé pour voir à quel point j’avais progressé dans mes insécurités relationnelles ». Je ne savais pas à quoi m’attendre en débutant une idylle avec lui mais je n’aurais jamais pensé que cela pourrait être aussi explosif, aussi intense et surtout aussi déstabilisant. Moi, grande adepte du contrôle, je me suis retrouvée dans une tempête qui n’en finissait plus, j’avais l’impression de passer mon temps à être baladée de droite à gauche, impossible de me stabiliser longuement, dès que je tentais de retrouver un équilibre, une autre bourrasque m’emportait violemment et je ne pouvais que subir ce vent fou, attendre qu’il se calme et me redépose un peu plus loin.

Mon petit cœur tout attendri trépignait de le connaitre un peu mieux, de rire avec lui, bref, de faire la découverte de cette nouvelle personne. Cependant, en parallèle de cette grosse guimauve, mon cerveau lui, activait une à une toutes les alarmes qu’il pouvait. Et croyez-moi, quand il s’y met, ça fait mal ! Bref, c’était le bordel complet et j’avais du mal à comprendre pourquoi. Oui, mes hormones avaient lancé un immense Fest-noz comme à chaque début de relation mais il y avait clairement autre chose

Mes hormones en Fest-noz, allégorie

Qu’est ce qui pouvait bien se cacher derrière ce grand chaos ?

Et puis un jour, entre une bourrasque de vent et un solo de binioù

(très joli mais rapidement envahissant), j’ai eu une révélation : cet homme venait simplement appuyer sur certaines de mes insécurités. Ce n’était pas volontaire du tout de sa part évidemment, il a juste eu le talent d’en activer plusieurs en même temps.

Au milieu de ce cyclone j’ai donc poussé la porte du cabinet de ma psy pour en discuter :

  • Je vois bien que cela active mes insécurités, j’ai tous mes moyens de protection qui s’activent un par un. C’est le bordel… Vous voyez, là, j’ai fortement songé à le bloquer et à changer d’épicerie. Bon, ça serait relou car il me faudrait plus de temps pour faire mes courses. Et je ne suis pas sûre de trouver tout ce que je veux ailleurs aussi, du coup ça aussi ça serait relou en fait…
  • …….. (j’ai une psy très expressive et là, vous ne le voyez pas, mais j’ai vu un gros soupire intérieur)
  •  …..Ouiiiiiiiiii……je sais !
  • Alors…. on a déjà travaillé ça ces dernières années, n’est ce pas ? Qu’est-ce qu’on fait quand on sent une activation ?
  • *récite sa leçon bien apprise* On ne ghoste pas parce que cela ne ferait que renforcer l’activateur en lui donnant raison. On verbalise et on discute avec la personne.
  • Très bien !

Je vous jure, parfois j’ai l’impression d’être une gosse de 5 ans… Les thérapeutes ont bien du mérite de nous supporter et de nous voir répéter les mêmes schémas mais, ce que j’ai compris ces dernières années, c’est qu’apprendre à vivre avec ses insécurités, avec ses failles, c’est un travail au long court. Vous pouvez avoir des relations qui n’activent rien ou très peu, où tout se passe plutôt calmement et puis un jour, sans crier gare, une personne arrive et pulvérise toute votre vie juste en existant, parce que sa manière d’être, sa manière d’aimer, sa manière de vivre/voir le couple, viendra bouleverser votre équilibre. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé pour moi.

Bref, tout ça pour dire que l’Univers a décidé de s’amuser un peu avec moi et que, plutôt que de fuir et d’aller faire mes courses ailleurs, j’ai pris une grande inspiration et répondu « Challenge accepté ! ». Parce qu’après tout, avec 2 thérapies en cours, 2 formations, un mémoire à rendre avec un prof psychopathe, une dizaine de prétendants à chérir, une chienne qui nécessite une attention soutenue et un compagnon à aimer au milieu de tout ça… pourquoi ne pas pimenter encore un peu plus mon quotidien ?

Cependant, si je me suis jetée à corps perdu dans ce cyclone ce n’est pas juste parce que je peux être une tête brulée :

  • M. L’Épicier a entendu mes insécurités à chaque fois que je lui en ai parlé, il ne les a pas balayées de la main, ne les a pas minimisées. Me sentant comprise, je suis un peu moins bourlinguée dans tous les sens quand le vent souffle fort
  • J’ai une psy incroyable, qui m’a aidé à mieux connaitre mes mécanismes et je sais que je peux compter sur elle pour me rattraper à temps lorsque je commence à vaciller (oui parce qu’on a beau se connaitre, parfois le cerveau fait des détours et on se retrouve dans des situations qu’on ne comprend pas trop donc un regard extérieur est toujours le bienvenu !)
  • J’ai des potes toujours prêts à me mettre des taquets derrière la tête quand je me laisse un peu trop embarquer dans mes histoires (J’ai même rêvé que Charline venait m’engueuler parce que j’avais bloqué M. L‘Épicier, c’est dire si mes potes sont présents pour veiller sur moi, de jour comme de nuit !)

Est-ce que c’est facile de se retrouver dans un tel état de vulnérabilité ? Pas du tout. Est-ce plaisant ? Non plus.

Cependant, ces insécurités me concernent moi et même si je ne suis pas responsable de leur naissance, je considère que j’ai la responsabilité d’apprendre à les reconnaitre et à savoir comment vivre avec. Ainsi, j’apprends ce que je peux supporter ou non, ce qui les active, ce qui me permet de les désactiver… Ce n’est pas à l’Autre de devoir pâtir de mes insécurités, je n’ai pas à lui faire payer le fait d’être en souffrance quand il ne fait rien de mal et que le dialogue est possible.

Plutôt que de les fuir, j’ai donc décidé d’écouter tout ce chaos et de voir cela comme une possibilité de progresser encore un peu dans la gestion de mes émotions.